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Très bonne visite. Cécile

Cauchemar sous cellophane

Devant moi, l’océan. Une gigantesque vague, du sable. Le chant des oiseaux. L’abondance.
Il y a du plastique, comme à la plage. Il manque juste l’odeur iodée.
Le maître nageur finit par arriver. Dans son exosquelette de 40 tonnes, il dompte l’écume. Inlassablement.

Ici, c’est une marée qui monte, sans jamais redescendre. En cherchant bien, on y trouverait de quoi boire, manger et dormir. C’est ce que font les buses et les cigognes. Sont-elles plus malignes que nous ?

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Un vertige m’a envahie. Je suis rentrée de la plage essoufflée.
J’ai hurlé sur ceux qui alimentent la marée noire et j’ai maudit notre espèce toute entière.
J’ai réfléchi. Et puis j’ai ralenti.
J’ai cuisiné les bons légumes de notre maraîcher. J’ai fait infuser nos feuilles de verveine et de framboisier. Le nez dans les livres, les mains dans la terre, je me suis enfin sentie nourrie.
Alors j’ai semé, avec acharnement, des petites graines dans les jardins, dans les cœurs et les esprits.
Je continuerai de semer.
Car, je le crois, seuls les arbres et l’amour seront une digue possible contre le tsunami à venir.

C’est maintenant qu’on profite de la vie

Toute mon enfance, mon grand-père n’a eu de cesse de me répéter :
On ne remet pas au lendemain ce qu’on peut faire le jour-même.

Je comprenais la surface du message. On ne laisse pas la vaisselle s’accumuler dans l’évier. On ne laisse pas le jardin se transformer en prairie. On garde sa maison et le dessous de ses ongles propres.
Je soufflais : quel discours raisonnable pour une petite fille qui voulait juste courir et jouer !

Au camping d'Uzerche

Aujourd’hui, mon grand-père est parti et je perçois l’autre versant de son discours.
On n’attend pas demain pour laisser derrière ce qui nous pèse, nos conflits intérieurs, nos rancunes.
On n’attend pas demain pour aller voir ceux qui comptent, pour leur dire qu’on les aime.
On n’attend pas demain pour être en accord avec nous-mêmes, pour nous rappeler de nos rêves d’enfant.
C’est maintenant qu’on profite de la vie.

On ne remet pas au lendemain ce qu’on peut faire le jour-même, c’est un message puissant et positif, qui nous invite à l’action et ne laisse pas de place aux regrets. Il me guide, me donne de la force, m’autorise à suivre ma propre voie en savourant chaque petit pas qui me rapproche de mon idéal.

Merci Papi, de continuer à m’accompagner (et à me mettre des coups de pieds aux fesses!).

Réserve ornithologique du Teich (33)

Sous-consommation : entre idéaux et frustrations

Bordeaux. Prendre l’autoroute sur un coup de tête, pour rompre avec le sérieux du quotidien. Vivre une journée de consommation pure, impulsive, désordonnée ; plonger dans un bain de foule bouillonnant, avant de retrouver l’austérité de ma campagne Périgourdine.

Dès le plus jeune âge, je me suis montrée sensible aux questions environnementales, au bien-être animal, à la justice sociale. Le monde serait évidemment meilleur si tous les enfants allaient à l’école, si les hommes et les femmes qui produisent notre alimentation mangeaient eux-même à leur faim, si on laissait la forêt amazonienne et les grands singes tranquilles. Pourtant, ces idées ne m’ont pas empêchée de changer de smartphone tous les ans, de remplir mes placards de vêtements bon marché et de me gaver de Nutella. Comme beaucoup de gens, j’ai eu du mal à trouver la cohérence, l’équilibre entre mes principes, mes désirs et mes contraintes.

Il y a d’abord eu la réduction de notre consommation de viande. La pose du Stop-Pub sur la boîte aux lettres. La télé qui n’a jamais été rebranchée après notre déménagement. La volonté d’aller vers le Zéro-Déchet et tout ce qui en découle : manger des produits frais, de saison, acheter en vrac dans des contenants réutilisables, cuisiner davantage. Le passage aux protections hygiéniques (et plus récemment aux masques!) lavables. La découverte, puis la fréquentation régulière de nouveaux lieux pour nos achats, notamment l’Emmaüs.

Notre choix de sous-consommer est maintenant pleinement conscient, volontaire, affirmé. Il découle d’une réflexion sur l’impact global de nos habitudes, et en particulier de nos achats. Il s’agit de penser aux dégâts générés à la fois sur l’environnement et sur l’humain par un produit au cours de sa vie entière : production des matières premières, transformation, transport, emballage, publicité, utilisation, collecte et traitement des déchets. Que les adeptes d’objets à batterie lisent Kivu, de Simon et Van Hammme.

Ne nous laissons plus berner par les arguments marketing des industriels qui surfent sur la vague du bio et de l’écologie. Nous ne sauverons pas le monde en achetant des baskets Veja venues de l’autre bout du monde, ou des petits gâteaux Bjorg dans leur bel emballage plastique. Un véritable « éco-produit » ne prend pas l’avion, n’a besoin que du bouche-à-oreille pour se vendre, et ne génère que des déchets compostables (ou pas de déchet du tout). En plus, il est accessible à la majorité de la population. Si si, c’est vrai !

Bref, nous tentons en permanence de trouver des alternatives à l’achat en neuf et à la malbouffe généralisée : emprunter, échanger, réparer si besoin, acheter d’occasion, passer par les producteurs locaux. Parfois, on rechute. Il y a des petits cadeaux futiles entre nous, à nos proches. De la frustration quand ma voisine part dans sa belle Scirocco bleue. Il m’arrive de dire à Quentin que ça suffit, de passer des heures dans la cuisine au lieu de vivre pleinement, et que ce soir, zut, ce sera une pizza Sodebo.

Lorsqu’on parle d’alimentation bio et/ou locale ou encore de produits respectueux, la question de l’argent arrive inévitablement sur le tapis (Oui, c’est plus cher). Vient ensuite la problématique du consensus au sein de la famille. J’admets que l’absence d’enfant et de soucis financiers nous a grandement facilité la tâche au départ, tout comme le fait d’être sur la même longueur d’onde avec mon mari.
Mais concrètement, nous n’avons jamais aussi peu dépensé ! Écologie et économie vont de pair. Vraiment.

A-t-on raison de vouloir vivre à contre-courant au nom de valeurs éthiques, au risque de passer à côté d’une partie des « bonnes choses de la vie » ? Ne perd-on pas notre temps à vouloir réduire notre impact, lorsqu’une immense majorité de la population mondiale – dirigeants politiques compris – continue d’agir comme si l’urgence climatique n’existait pas ? Et si notre action est objectivement vaine, faut-il s’obstiner?

Je n’ai aucune certitude. J’ai toutefois tendance à croire que ce sont les initiatives locales, discrètes mais concrètes et menées avec conviction, qui feront bouger les mentalités.